vendredi 26 octobre 2012

Inconnu à cette adresse - Kressmann Taylor

Inconnu à cette adresse - Kressman Taylor


L'histoire
Martin Schulse et Max Einstein tiennent une galerie d'art à San Francisco. Martin est allemand, Max est juif. Ils sont liés par une amitié fraternelle. En 1932, Martin décide de rentrer chez lui en Allemagne avec sa femme Elsa et leurs trois enfants. Commence alors une correspondance entre les deux hommes qui s'échelonnera du 12 novembre 1932 au 3 mars 1934.
Tandis que Martin découvre une Allemagne appauvrie et désabusée, Max, de son côté, s'inquiète de la montée du nazisme. Emporté par l'aveuglement patriotique, Martin ne fait qu'approuver la politique hitlérienne et finit par renier son ancienne amitié avec Max. Il ira même jusqu'à refuser d'aider, la soeur de Max, Griselle, venue se produire sur la scène berlinoise et poursuivie par les nazis. C'est alors qu'utilisant la censure qui lit toutes ses lettres à Martin, Max décide de se venger...
 
Mon avis
Ce roman épistolaire qui s'inscrit dans le contexte historique et politique de la montée du nazisme en Allemagne, est une pure merveille. La correspondance entre Max et Martin, l'un juif américain et l'autre allemand, va durer pendant seize mois au cours desquels dix-huit lettres et un câble seront échangés. Au fil des échanges, les liens d'amitié, pourtant très forts, qui unissaient les deux hommes vont peu à peu se briser pour faire place à l'indifférence, au mépris puis à la haine.
Bien que très court, il s'agit d'un récit fort et bouleversant, servi par une écriture particulièrement incisive. Rarement un texte aura réussi à susciter autant d'émotion avec si peu de mots. Inconnu à cette adresse est indéniablement une oeuvre majeure, extrêmement riche en enseignements.

Quelques extraits
"Qui est cet Adolf Hitler qui semble en voie d'accéder au pouvoir en Allemagne ? Ce que je lis sur son compte m'inquiète beaucoup."
"Max, je crois qu'à nombre d'égards Hitler est bon pour l'Allemagne."
"Heureusement qu'il existe un havre où l'on peut toujours savourer une relation authentique : le coin du feu chez un ami auprès duquel on peut se défaire de ses petites vanités et trouver chaleur et compréhension ; un lieu où les égoïsmes sont caducs et où le vin, les livres et la conversation donnent un autre sens à la vie. Là, on a construit quelque chose que la fausseté ne peut atteindre. On s'y sent chez soi."
"Ces choses-là sont comme des tempêtes : on est d'abord transi, foudroyé, impuissant, puis le soleil revient ; on n'a pas complètement oublié l'expérience, mais on est remis du choc." 
"L'homme que j'ai aimé comme un frère, dont le coeur a toujours débordé d'affection et d'amitié, ne peut s'associer, même passivement, au massacre de gens innocents."


Ma note



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