vendredi 31 mai 2013

L'enchanteur - René Barjavel



L'histoire
Afin de ramener paix et bonheur dans le cœur des hommes, les chevaliers les plus preux se sont réunis autour du roi Arthur et vont partir à la recherche du Graal. Les chevaliers de la Table Ronde seront guidés par Merlin. Si les chevaliers connaissent de nombreuses épreuves et doivent montrer leur courage et leur sincérité, la tâche n'est pas plus facile pour Merlin. Fils du Diable, il a décidé de consacrer sa magie au Bien mais ce n'est pas pour satisfaire son créateur qui essayera sans cesse de le tenter. Pour chacun, l'amour sera sans doute l'épreuve la plus difficile. La plupart douteront et échoueront dans leur quête. En ce qui concerne Merlin, on le découvre homme, ses pouvoirs et sa jeunesse éternelle ne l'empêchent pas de souffrir, de douter mais aussi d'aimer : Viviane, la seule qui voit derrière l'Enchanteur l'être humain, la seule qu'il aimera et qui l'aimera pour ce qu'il est.

Mon avis
Avec ce roman, Barjavel nous entraîne au coeur de la Bretagne mythique afin de nous conter les aventures du roi Arthur et de ses légendaires chevaliers. Nous assistons alors aux exploits chevaleresques de Perceval, Gauvain, Lancelot, Galaad et tous les autres, mais aussi à leurs échecs car la vertu de nos courageux chevaliers est durement éprouvée.
Si l'aventure spirituelle de la quête du Graal constitue le fond du récit, l'amour platonique mais néanmoins fusionnel entre Merlin et Viviane en est le fil conducteur. Barjavel fait ainsi de ce récit épique et légendaire une histoire moderne, romantique et sensuelle. Son style unique, subtil mélange de poésie et de malice, séduit le lecteur de la première à la dernière page.
L'enchanteur est un roman plein de charme, d'humour et de fraîcheur.
 

Mes citations préférées
"La raison rétrécit la vie, comme l'eau rétrécit les tricots de laine, si bien qu'on s'y sent coincé et on ne peut plus lever les bras."
"Un oeil voit parfois ce que deux ne voient pas."
"Le mieux à faire est de faire de son mieux."
"On ne peut pas rester éternellement au pays de l'enfance."
"Ce qui s'apprend sans peine ne vaut rien et ne demeure pas."
"Faut réfléchir avant de faire le bien! Faut être sûr que c'est un bon bien !"

Quelques extraits
"Sans qu'on sût comment il était venu, il se trouva au milieu d'eux quand le soleil se leva, éclairant de rouge la plaine qui allait voir couler tant de sang. Vêtu d'une robe verte et coiffé de feuilles de houx, il chevauchait un cheval d'Arabie couleur de terre brûlée. Il était sans arme, ne portait pas une once de fer sur son corps mais brandissait une enseigne de soie dorée sur laquelle était brodée un petit dragon vert à la queue fourchue, qui crachait des flammes peintes."
" En un geste de modestie, Viviane, en fermant les yeux, avait posé sa main droite au bas de son ventre, et son autre bras en travers de sa menue poitrine. Mais dans son sommeil ses bras avaient glissé, et il ne demeurait de son double geste que l'intention et la grâce. Merlin, ravi, fit éclore à la pointe de ses petits seins deux marguerites, posa une branche de menthe sur ses yeux, une prunelle sur ses lèvres et sur le minuscule demi-sourire rose de son sexe un rouge-gorge endormi."
" Le conte de Bretagne est pareil à un fleuve qui rassemble les eaux d'une quantité d'affluents : ses personnages. Les uns sont impétueux, d'autres calmes et forts, certains sinueux, tous venant s'ajouter à son courant pour suivre la pente unique de la Quête. Au bout de l'Aventure se trouve l'Océan, la Coupe, le Graal..."
" Elle sentit Merlin se poser auprès d'elle, tout le long de son corps. Il était frais, il était chaud, il était nu comme elle. Ils refermèrent leurs bras l'un sur l'autre et se turent, noyés dans le bonheur d'être ensemble et de le sentir avec leur chair et leur esprit. Et le bonheur plus grand encore de savoir qu'ils étaient heureux."
" Ce que je peux vous dire, c'est que le Graal, même dissimulé dans son château introuvable, sert à l'équilibre du monde. Et qu'il est nécessaire que de temps en temps, quand cet équilibre est menacé, un homme pur, courageux, chaste, juste et servant Dieu, le cherche, le trouve et regarde l'ineffable vérité contenue dans la Coupe. Alors l'ensemble des hommes retrouve des forces pour continuer son chemin difficile..."
" C'était la veillée de la Saint-Jean de juin. Dans la forêt, la nuit douce bruissait de l'activité des bêtes nocturnes, Merlin écoutait vivre les fourmis qui ne dorment jamais, les mille-pattes qui fond leur chemin sous l'écorce, les mulots dans leurs tunnels, le vol velours des chouettes, le petit grognement des hérissons, le battement lent du coeur des biches endormies, et celui des oiseaux, si rapide qu'on dirait un frémissement. Il entendait tout, il sentait toutes les odeurs, de l'humus et des feuilles fraîches, des fleurs fatiguées et de celles qui allaient s'ouvrir à l'aube, et du sang des arbres perlant par des écorchures. Il tendit ses mains ouvertes, et il toucha toute la forêt dans le creux de ses paumes."
" Il resta avec elle tout l'après-midi. Ils se promenèrent main dans la main, baignés de paix, ayant conclu une trêve avec les désirs de leurs corps. Leur amour était aussi nouveau qu'au premier jour, ils redécouvraient le bonheur d'être ensemble, cette plénitude de la présence ajoutée et partagée. On est enfin deux et un seul, l'univers a retrouvé son équilibre, on est son centre, dans le rayonnement de l'amour présent, l'amour donné, l'amour reçu, l'amour de tout."
" Il avait souvent demandé à Dieu de lui expliquer le pourquoi de ce paradoxe dont Viviane et lui-même souffraient tellement : s'Il avait fait l'homme et la femme différents et complémentaires, pourquoi était-ce un péché pour eux de se compléter ? Pourquoi avait-Il établi entre eux une telle attirance, s'ils devaient user de leurs forces pour y résister ? Pourquoi un homme ou une femme qui voulaient s'élever sur le plan spirituel devaient-ils sacrifier le plan sexuel ? La joie partagée était-elle condamnable ? La souffrance était-elle le comble de la vertu ?"
" Pour décrire l'amour qui s'accomplit, tant de joie éperdue, la timidité d'abord, peut-être l'effroi, le coeur qui veut sauter hors de la poitrine, les mains qui veulent connaître, qui se tendent, qui se posent, qui se brûlent, la découverte, l'émerveillement, les corps qui se joignent peau à peau et s'unissent, la stupeur, l'envol, le bonheur de l'autre, la douce lassitude, la tendresse, la gratitude infinie, et la redécouverte et le nouvel élan, et les frontières de la joie sans cesse reculées, et celles du monde volant en éclats, pour dire la délivrance du coeur que plus rien ne gêne, l'épanouissement de l'esprit qui comprend tout, pour donner même une faible idée de ces moments hors du temps et de toutes contraintes, il faudrait employer d'autres mots que ceux dont dispose le langage ordinaire."
 

Ma note




1 commentaire:

  1. Ca m'a donné envie de le lire. Merci pour ce compte rendu. J'ajoute ce roman à la très très longue liste des romans que j'aimerai parcourir !

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