mercredi 1 mai 2013

Jane Eyre - Charlotte Brontë



L'histoire
À la mort prématurée de ses parents, Jane est recueillie par son oncle, Mr. Reed. Le jour de sa mort, Mr Reed fait promettre à son épouse d’élever Jane comme l'un de ses propres enfants. Mais Mrs Reed ne tient pas sa promesse et Jane est très malheureuse chez sa tante. Son cousin se montre méchant et violent tandis que ses cousines et sa tante lui font sentir sa différence sociale. Jane finit par se révolter et alors qu'elle n'a que dix ans, Mrs. Reed l’envoie dans un internat situé à Lowood.
A son arrivée à l'internat, Jane noue une relation très forte avec Helen Burns, l'une des pensionnaires. Mais cette dernière décède de la tuberculose quelques mois plus tard. Les conditions de vie sont en effet tout à fait déplorables à l'internat. Il faudra une épidémie de typhus pour qu'un changement s'opère dans cet internat qui devient alors un établissement de qualité. Jane y restera pendant huit ans : six ans en tant qu'élève et deux ans en tant institutrice. Après le départ de Miss Temple, la directrice du pensionnat, Jane décide de prendre sa vie en main et passe une annonce dans un journal pour trouver un poste de préceptrice. Elle est engagée au château de Thornfield, où elle est chargée de l'éducation de la petite Adèle.
Quelque temps après son arrivée, elle rencontre par hasard le maître du domaine. Très vite, elle s’éprend de cet homme un peu fantasque et énigmatique mais également tendre et sensible. Malgré leur différence à la fois sociale et d'âge, Jane accepte de l'épouser. Cependant, le jour de la cérémonie, alors qu'elle s’apprête à devenir son épouse, Jane découvre le terrible secret du maître des lieux. Totalement anéantie par cette révélation, Jane décide de s'enfuir.
Après plusieurs jours d’errance, elle est recueillie par la famille Rivers, à qui elle cache sa véritable identité. Elle reste plusieurs jours dans la maison familiale et se lie d'amitié avec Mary et Diana. Le fils aîné, St John, pasteur de son état, lui trouve un poste d'institutrice dans l’école du village voisin. St John, qui finit par découvrir le véritable nom de Jane, lui apprend que son oncle, qu'elle n'a pas connu, est mort en lui laissant un riche héritage. Elle découvre également à cette occasion que les Rivers sont ses cousins, ce qui la transporte de joie. Son cousin St John, qui veut devenir missionnaire lui demande alors de l'accompagner en Inde et de devenir sa femme, non pas parce qu'il est amoureux d'elle, mais parce qu'il la trouve courageuse et intelligente. St John exerce une forte influence sur elle, aussi Jane accepte-t-elle de l'accompagner mais elle se refuse néanmoins à devenir sa femme, n'éprouvant pour lui que des sentiments fraternels. C'est alors que se produit un phénomène étrange. Une nuit, Jane entend une mystérieuse voix, celle de celui dont elle est toujours éprise. À l’aube, sa décision est prise : elle doit retrouver Mr. Rochester. Mais lorsqu'elle arrive à Thornfield, une nouvelle surprise l'attend...

Mon avis
Quel plaisir de lire, et même de relire, ce grand classique de la littérature anglaise qu'est Jane Eyre. Le principal attrait de ce roman tient au personnage principal, dont la physionomie et les traits de caractère sont proches de ceux de l'auteur, ce qui le rend particulièrement attachant. D'apparence fragile, cette héroïne dépourvue de beauté, sans famille ni fortune, se révèle animée d'une étonnante force intérieure. On la pense timide et pourtant elle ne manque pas d'audace. On la croît soumise alors qu'elle est farouchement attachée à son indépendance. Les autres personnages ne sont pas moins attachants : passionnés, ambitieux et pour certains énigmatiques, ils occupent tous une place essentielle dans l'histoire.
Et si ce roman captive autant, c'est aussi et surtout grâce au talent d'écrivain de Charlotte Brontë. Dès les premières pages, le lecteur est sous le charme. Non seulement Charlotte Brontë sait éveiller notre curiosité mais elle réussit à nous tenir en haleine, ne dévoilant l'intrigue qu'à des moments soigneusement choisis. Bien sûr, ce roman n'est pas sans défauts, et l'on peut notamment lui reprocher certaines longueurs ainsi que de futiles appels au lecteur, mais rien de tout cela ne vient entraver le plaisir intense que nous procure sa lecture.
Jane Eyre est sans doute l'une des plus belles histoires d'amour et l'une des oeuvres les plus marquantes de la littérature du 19ème siècle.

Mes citations préférées
"Les enfants ressentent les choses, mais ne peuvent analyser leurs sensations ; si même l'analyse s'effectue partiellement dans leur esprit, ils ne savent pas comment exprimer en paroles le résultat de cette opération."
"C'est faiblesse et sottise de dire que l'on ne peut supporter ce que le destin nous impose."
"Ce n'est pas la violence qui triomphe le mieux de la haine, ni la vengeance qui guérit le plus efficacement les blessures."
"Le remords est le poison de la vie."
"Il est toujours bon d'avoir un verrou tiré entre soi et le malheur qui peut rôder alentour."
"L'attention ardente de l'auteur aiguise la langue du conteur."
"Les amis oublient toujours ceux que la fortune abandonne."
"Les pressentiments, les affinités, les signes, sont choses étranges qui, en se combinant, forment un mystère dont l'humanité n'a pas encore trouvé la clef."
"Il est heureux que le temps calme les désirs de vengeance, fasse taire les sursauts de colère et de haine."
"La sensibilité, sans la raison est vraiment un insipide breuvage, mais la raison que ne tempère la sensibilité est, pour l'homme, une bouchée trop coriace et amère à déglutir."
"Tous les hommes supérieurs, qu'ils soient sensibles ou non, qu'ils soient fanatiques, ambitieux ou despotes, pourvu seulement qu'ils soient sincères, ont leurs instants sublimes où ils subjuguent et règnent en maîtres."

Quelques extraits
"Je n'avais rien à répondre à ces paroles qui n'étaient pas nouvelles pour moi ; mes plus lointains souvenirs comportaient des allusions de ce genre. Ce reproche d'être à charge était devenu à mon oreille comme une vague complainte, très douloureuse et meurtrissante, mais seulement à demi intelligible."
"Les êtres humains ont besoin d'aimer quelque chose ; à défaut d'objets plus dignes de mon affection, je réussissais à trouver du plaisir en aimant, chérissant cette figurine modelée, flétrie, usée, pareille à un épouvantail en miniature."
"Pour la première fois, j'avais goûté à la vengeance ; c'était comme un vin aromatisé ; en l'avalant, il était chaud, sentait le terroir, mais laissait un arrière-goût métallique, corrosif, donnant la sensation d'un empoisonnement."
"Par-delà cette terre, par delà la race des hommes, il y a un monde invisible, un royaume des esprits ; ce monde nous entoure, car il est partout ; ces esprits veillent sur nous, car ils ont mission de nous protéger ; si nous mourions dans la douleur et la honte, en butte au mépris universel, accablés de haine, mais innocents, les anges, témoins de nos tortures,reconnaîtraient notre innocence."
"Les parterres brunâtres se recouvraient d'une verdure chaque jour plus vive, il semblait que l'Espoir les parcourait pendant la nuit, laissant chaque matin des traces plus brillantes de ses pas. Les fleurs commençaient à se montrer parmi les feuilles : des perce-neige, des crocus, des oreilles d'ours pourpres, et des pensées aux yeux d'or."
"C'est une sensation très étrange pour un être jeune et sans expérience que de se sentir tout à fait seul dans le monde, emporté par la dérive, tous liens rompus, incertain d'atteindre le port vers lequel il fait route, empêché par de nombreux obstacles de revenir vers ce qu'il a quitté."
"La lune montait au firmament avec majesté et, tout en s'éloignant de plus en plus des sommets des collines derrière lesquelles elle était apparue, semblait avoir pour point de mire le zénith, vers lequel elle s'élançait, sombre comme la nuit dans sa profondeur insondable et son éloignement infini ; les tremblantes étoiles suivaient la course de l'astre."
"De temps en temps, ce regard me fait penser à un celui d'un étrange oiseau derrière les barreaux serrés de sa cage ; si ce captif vivace, inquiet, résolu, était seulement libre, il prendrait son vol jusqu'aux nuages."
"Je le regardais et j'en éprouvais un plaisir aigu, rare, mais poignant -or pur avec une pointe d'acier mortelle-, plaisir comparable à celui que ressentirait un homme mourant de soif parvenu avec peine au bord d'une source qu'il sait empoisonnée et qui se penche cependant pour s'y abreuver de divines rasades."
"Mr Rochester avait parfois deviné mes pensées avec une pénétration que je n'arrivais pas à comprendre ; aussi, dans la circonstance présente, ne tint-il aucun compte de ma soudaine réponse et me sourit-il d'un certain sourire qui lui était particulier et qu'il n'avait qu'en de rares occasions. […] Ce sourire était le vrai soleil de la tendresse, et, en cet instant Mr Rochester m'inondait de ses rayons."
"Un admirable été resplendissait en Angleterre. Notre pays, avec sa ceinture de vagues, est rarement favorisé, même pendant un jour entier, d'un ciel aussi pur, d'un soleil aussi radieux que ceux dont nous jouissons depuis longtemps. On eût dit que des journées nous arrivaient d'Italie, comme une bande d'éblouissants oiseaux de passage, pour se poser et prendre un instant de repos sur les falaises d'Albion."

Ma note



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