vendredi 31 mai 2013

L'enchanteur - René Barjavel



L'histoire
Afin de ramener paix et bonheur dans le cœur des hommes, les chevaliers les plus preux se sont réunis autour du roi Arthur et vont partir à la recherche du Graal. Les chevaliers de la Table Ronde seront guidés par Merlin. Si les chevaliers connaissent de nombreuses épreuves et doivent montrer leur courage et leur sincérité, la tâche n'est pas plus facile pour Merlin. Fils du Diable, il a décidé de consacrer sa magie au Bien mais ce n'est pas pour satisfaire son créateur qui essayera sans cesse de le tenter. Pour chacun, l'amour sera sans doute l'épreuve la plus difficile. La plupart douteront et échoueront dans leur quête. En ce qui concerne Merlin, on le découvre homme, ses pouvoirs et sa jeunesse éternelle ne l'empêchent pas de souffrir, de douter mais aussi d'aimer : Viviane, la seule qui voit derrière l'Enchanteur l'être humain, la seule qu'il aimera et qui l'aimera pour ce qu'il est.

Mon avis
Avec ce roman, Barjavel nous entraîne au coeur de la Bretagne mythique afin de nous conter les aventures du roi Arthur et de ses légendaires chevaliers. Nous assistons alors aux exploits chevaleresques de Perceval, Gauvain, Lancelot, Galaad et tous les autres, mais aussi à leurs échecs car la vertu de nos courageux chevaliers est durement éprouvée.
Si l'aventure spirituelle de la quête du Graal constitue le fond du récit, l'amour platonique mais néanmoins fusionnel entre Merlin et Viviane en est le fil conducteur. Barjavel fait ainsi de ce récit épique et légendaire une histoire moderne, romantique et sensuelle. Son style unique, subtil mélange de poésie et de malice, séduit le lecteur de la première à la dernière page.
L'enchanteur est un roman plein de charme, d'humour et de fraîcheur.
 

Mes citations préférées
"La raison rétrécit la vie, comme l'eau rétrécit les tricots de laine, si bien qu'on s'y sent coincé et on ne peut plus lever les bras."
"Un oeil voit parfois ce que deux ne voient pas."
"Le mieux à faire est de faire de son mieux."
"On ne peut pas rester éternellement au pays de l'enfance."
"Ce qui s'apprend sans peine ne vaut rien et ne demeure pas."
"Faut réfléchir avant de faire le bien! Faut être sûr que c'est un bon bien !"

Quelques extraits
"Sans qu'on sût comment il était venu, il se trouva au milieu d'eux quand le soleil se leva, éclairant de rouge la plaine qui allait voir couler tant de sang. Vêtu d'une robe verte et coiffé de feuilles de houx, il chevauchait un cheval d'Arabie couleur de terre brûlée. Il était sans arme, ne portait pas une once de fer sur son corps mais brandissait une enseigne de soie dorée sur laquelle était brodée un petit dragon vert à la queue fourchue, qui crachait des flammes peintes."
" En un geste de modestie, Viviane, en fermant les yeux, avait posé sa main droite au bas de son ventre, et son autre bras en travers de sa menue poitrine. Mais dans son sommeil ses bras avaient glissé, et il ne demeurait de son double geste que l'intention et la grâce. Merlin, ravi, fit éclore à la pointe de ses petits seins deux marguerites, posa une branche de menthe sur ses yeux, une prunelle sur ses lèvres et sur le minuscule demi-sourire rose de son sexe un rouge-gorge endormi."
" Le conte de Bretagne est pareil à un fleuve qui rassemble les eaux d'une quantité d'affluents : ses personnages. Les uns sont impétueux, d'autres calmes et forts, certains sinueux, tous venant s'ajouter à son courant pour suivre la pente unique de la Quête. Au bout de l'Aventure se trouve l'Océan, la Coupe, le Graal..."
" Elle sentit Merlin se poser auprès d'elle, tout le long de son corps. Il était frais, il était chaud, il était nu comme elle. Ils refermèrent leurs bras l'un sur l'autre et se turent, noyés dans le bonheur d'être ensemble et de le sentir avec leur chair et leur esprit. Et le bonheur plus grand encore de savoir qu'ils étaient heureux."
" Ce que je peux vous dire, c'est que le Graal, même dissimulé dans son château introuvable, sert à l'équilibre du monde. Et qu'il est nécessaire que de temps en temps, quand cet équilibre est menacé, un homme pur, courageux, chaste, juste et servant Dieu, le cherche, le trouve et regarde l'ineffable vérité contenue dans la Coupe. Alors l'ensemble des hommes retrouve des forces pour continuer son chemin difficile..."
" C'était la veillée de la Saint-Jean de juin. Dans la forêt, la nuit douce bruissait de l'activité des bêtes nocturnes, Merlin écoutait vivre les fourmis qui ne dorment jamais, les mille-pattes qui fond leur chemin sous l'écorce, les mulots dans leurs tunnels, le vol velours des chouettes, le petit grognement des hérissons, le battement lent du coeur des biches endormies, et celui des oiseaux, si rapide qu'on dirait un frémissement. Il entendait tout, il sentait toutes les odeurs, de l'humus et des feuilles fraîches, des fleurs fatiguées et de celles qui allaient s'ouvrir à l'aube, et du sang des arbres perlant par des écorchures. Il tendit ses mains ouvertes, et il toucha toute la forêt dans le creux de ses paumes."
" Il resta avec elle tout l'après-midi. Ils se promenèrent main dans la main, baignés de paix, ayant conclu une trêve avec les désirs de leurs corps. Leur amour était aussi nouveau qu'au premier jour, ils redécouvraient le bonheur d'être ensemble, cette plénitude de la présence ajoutée et partagée. On est enfin deux et un seul, l'univers a retrouvé son équilibre, on est son centre, dans le rayonnement de l'amour présent, l'amour donné, l'amour reçu, l'amour de tout."
" Il avait souvent demandé à Dieu de lui expliquer le pourquoi de ce paradoxe dont Viviane et lui-même souffraient tellement : s'Il avait fait l'homme et la femme différents et complémentaires, pourquoi était-ce un péché pour eux de se compléter ? Pourquoi avait-Il établi entre eux une telle attirance, s'ils devaient user de leurs forces pour y résister ? Pourquoi un homme ou une femme qui voulaient s'élever sur le plan spirituel devaient-ils sacrifier le plan sexuel ? La joie partagée était-elle condamnable ? La souffrance était-elle le comble de la vertu ?"
" Pour décrire l'amour qui s'accomplit, tant de joie éperdue, la timidité d'abord, peut-être l'effroi, le coeur qui veut sauter hors de la poitrine, les mains qui veulent connaître, qui se tendent, qui se posent, qui se brûlent, la découverte, l'émerveillement, les corps qui se joignent peau à peau et s'unissent, la stupeur, l'envol, le bonheur de l'autre, la douce lassitude, la tendresse, la gratitude infinie, et la redécouverte et le nouvel élan, et les frontières de la joie sans cesse reculées, et celles du monde volant en éclats, pour dire la délivrance du coeur que plus rien ne gêne, l'épanouissement de l'esprit qui comprend tout, pour donner même une faible idée de ces moments hors du temps et de toutes contraintes, il faudrait employer d'autres mots que ceux dont dispose le langage ordinaire."
 

Ma note




mercredi 22 mai 2013

Villa St Germain

La villa St Germain est située à Oudon, à 30 km de Nantes. Je ne vais pas y aller par quatre chemins : ce restaurant est, avec le Retour du marché, l'un de mes plus grands coups de coeur sur la région ! La cuisine est délicieuse, le service discret et attentionné et le rapport qualité/prix imbattable.
 

Que vous décidiez d'y aller le midi ou le soir (et je ne doute pas qu'après avoir lu mon article, vous mourrez d'envie de découvrir cet endroit), il est prudent de réserver surtout en fin de semaine. Comme vous pouvez le voir, le cadre est sobre et intimiste.


Comme d'habitude, nous commençons par un apéritif. Pour changer du sempiternelle kir à la mûre, je commande un Ti punch et Eric un Planteur. Nous prenons une assiette d'accras en accompagnement.
 
 
Ouaouh ! C'est qu'il arrache mon Ti punch ! Il faut dire que je n'ai pas l'habitude des alcools forts. Mais bon après deux gorgées, je m'habitue, lol ;-) Préparé avec du rhum, du citron vert et de la cassonnade de sucre (et non du sirop de sucre de canne), il est franchement extra ! Les acras sont délicieux également.
 
Trois formules sont proposées le midi en semaine :
- entrée-plat ou plat-dessert à 13,50 €
- entrée-plat-dessert à 16,50 €
- entrée-plat-fromage-dessert à 20,50 €

Les plats, qui changent chaque semaine, sont affichés sur une ardoise. En général, ils sont également disponibles sur le site internet du restaurant. Il y a deux entrées au choix, deux plats de résistance et deux desserts. Nous avons opté pour la formule entrée-plat-dessert. Et bien sûr, nous avons décidé de goûter à tout.
 
Ce midi, en entrée nous avons donc pour commencer des filets de sardines, fenouil frais relevés avec une vinaigrette orange-Piment d'Espelette. Une entrée simple, certes,  mais l'association sardine/fenouil fonctionne bien et la vinagrette apporte une petite note exotique très sympathique.


La seconde entrée est une pissaladière au lard fumé avec sa compotée d'oignons. La pâte de la pissaladière est fine et croustillante et la garniture ultra légère.


On continue du filet de merlu "Petit Bâteau" servi avec une purée de carottes et accompagnée d'une sauce Tom Ka. Mention spéciale pour la sauce Tom Ka qui relève avec brio le goût du filet de merlu ! 
 

L'autre plat, c'est de l'épaule d'agneau confite aux épices du Magreb accompagné d'un gratin Dauphinois. La viande est fondante et très goûteuse, le gratin dauphinois est crémeux mais pas trop, fondant lui aussi.


Et on termine ce délicieux repas avec des churros à la fleur d'oranger, sauce chocolat blanc. Un dessert original, très réussi. La sauce au chocolat blanc servie légèrement tiédie est extra.


Ainsi qu'avec un tartare de fraises à la menthe fraîche, sablé breton. Les fraises sont délicieuses, et le sablé  breton est tellement léger, qu'on en reprendrait bien un deuxième...


Un petit café ? Allez ! Et en plus on a droit à un petit bonus : un financier tout doré au coeur moëlleux à souhait.


La Villa St Germain propose une cuisine gastronomique raffinée, originale et pleine de saveurs. Nous avons eu l'occasion d'y aller deux fois, une fois le midi, une fois en soirée. J'ai une préférence pour le soir où l'ambiance est plus détendue.
 
Ma note

 
 
Villa St Germain
170 Rue Alphonse Fouschard
44521 Oudon
Tel. : 02 51 14 10 04

samedi 18 mai 2013

Le prince des Marées - Pat Conroy


L'histoire
Sur l'île de Melrose, Tom, Savannah et Luke Wingo ont grandi entre un grand-père qui se prenait pour le Christ, une grand-mère féministe, un père patron de pêche, violent et imprévisible, et une mère mythomane dévorée d'ambition. Bien des années plus tard, la belle psychiatre Susan Lowenstein demande à Tom de l'aider à sauver Savannah d'une folie suicidaire. Par amour pour sa jumelle, il va accepter de se rendre à New York pour dire les blessures d'une enfance dure et chaotique, mais illuminée par la merveilleuse complicité qui unissait frères et soeur. Tout en distillant cette histoire exceptionnelle pleine de tendresse, d'humour et de violence, Tom va faire resurgir le souvenir d'un drame inavouable qui a brisé à jamais les liens du sang...

Mon avis
Le Prince des marées plonge le lecteur au coeur de la Caroline du sud, où il fait connaissance avec les Wingo, une famille de blancs sudistes durement éprouvée par le destin.
C'est pour venir en aide à Savannah, sa soeur jumelle qui vient de faire une nouvelle tentative de suicide, que Tom accepte de se rendre à New York afin de rencontrer sa psychiatre. Le Dr Lowenstein a en effet besoin de comprendre ce qui s'est passé durant l'enfance de sa patiente qui pourrait expliquer sa folie suicidaire. Porteur d'un lourd secret de famille, Tom va alors briser le pacte de silence et raconter leur enfance. Une enfance que Savannah, Tom et Luke, le frère aîné, ont passé sur l'île de Melrose, dans un cadre enchanteur, aux côtés d'un père violent et d'une mère dévorée d'ambition.
Dès les premières lignes, l'auteur parvient à éveiller notre curiosité. Le récit, qui alterne souvenirs du passé et moments présents, est bien rythmé. Les dialogues entre Tom et le Dr Lowenstein sont drôles et percutants. L'écriture de Pat Conroy est fluide et pleine de charme. On se laisse bercer par sa prose poétique lorsqu'il évoque les somptueux paysages de la Caroline du sud. Mêlant burlesque et tragédie, les anecdotes qui se succèdent amusent, étonnent ou attendrissent, mais deviennent ennuyeuses lorsqu'elles s'éloignent trop de l'intrigue.
Un roman, qui au final, est plutôt agréable à lire malgré quelques longueurs. Je n'ai cependant pas ressenti suffisamment d'empathie envers les personnages pour me laisser véritablement émouvoir par leur histoire.

Mes citations préférées
"A l'enfance, il n'est pas de verdict, seulement des conséquences et le fret brillant de la mémoire.."
"L'excès de beauté est une chose qui peut exister chez la femme, et il constitue souvent un handicap aussi lourd que la laideur, et beaucoup plus dangereux. Il faut beaucoup de chance pour survivre au don d'une beauté parfaite dont le caractère éphémère est la trahison la plus sournoise."
"Une véritable chaîne de montagnes fait rempart entre les sexes, sans qu'existe aucune race de sherpas exotiques pour traduire les énigmes de ces pentes mortelles qui nous séparent."
"Personne n'a le monopole de la souffrance humaine. Les gens souffrent de façon différente et pour des motifs différents."
"Quand un enfant subit la réprobation de ses parents, surtout si les parents jouent de cette réprobation, il n'y aura jamais pour lui d'aube nouvelle lui permettant de se convaincre de sa propre valeur. Une enfance saccagée ne se répare pas."
"La douleur n'est admirable que vécue en silence."
"La nature a horreur du vide mais elle abomine encore davantage le bonheur parfait."
"La mort est une chose naturelle et viendra tous nous chercher un jour, avec sa faux et sa robe blanche, pour nous conduire devant le tribunal du Jugement dernier. Ce que nous avons de mieux à faire est de nous tenir prêts pour quand viendra le jour."
"Le viol est un crime contre le sommeil et la mémoire ; l'image qui en reste s'imprime en négatif irréversible dans la chambre noire de nos rêves."
"La violence s'enracine profondément dans les coeurs ; elle ignore les saisons ; elle est toujours à maturité, toujours prête."

Quelques extraits
"Savannah a su qu'elle voulait être New-Yorkaise bien avant de savoir qu'elle voulait écrire de la poésie. Elle était de ces Sudistes conscients, à un âge très précoce, que le Sud pour eux ne serait jamais davantage qu'une prison au doux parfum, gérée par un collectif familial, affectueux mais perfide."
"Une fois qu'on attrape le virus de New York, alors plus rien ne soutient la comparaison. Sentez un peu l'énergie de cette ville. Vous n'avez qu'à fermer les yeux et vous laisser prendre par elle."
"La catatonie m'est toujours apparue comme la version sublime de la psychose. Le voeu de silence procède d'une certaine intégrité et le renoncement au mouvement a quelque chose de sacré. C'est la forme la plus paisible du drame humain de l'âme brisée, une répétition solennelle et en costume de la mort."
"Mes grands-parents étaient comme deux enfants mal assortis et leur maison recelait pour moi le double parfum du sanctuaire et du jardin d'enfants. […] Je sentais qu'il y avait de l'amour entre ces deux êtres, mais il s'agissait d'un amour sans flamme ni passion. J'étais en quelque sorte devenu le dépositaire du souvenir dans une famille où la mémoire vivait en concubinage fatal avec la souffrance."
"Toutes ces tendances échurent en partage à Savannah, Luke et moi, sous forme d'une mosaïque de gènes mortelle et variée. Dans une explosions de pure amertume, ma mère devait un jour résumer cela en s'écriant : Luke le fanatique, Tom le raté, Savannah la cinglée."
"Ma vie ne commença réellement qu'à dater du jour où je trouvai en moi la force de pardonner à mon père d'avoir fait de mon enfance une longue marche de la terreur. Passer l'éponge sur un simple larcin est chose aisée, tant que l'objet du délit n'est pas votre enfance."
"L'odeur violente de crevettes et de poisson frais, tandis que nous marchions vers le bateau, me donnait l'impression d'être sous l'eau et de respirer les marées salées et immaculées par tous les pores de ma peau. Enfants de pêcheur, nous n'étions finalement qu'une forme de plus de la vie marine des basses terres."
"Lorsque vous grandissez sous le toit d'un homme qui vous aime et vous maltraite à la fois, sans saisir ce que son comportement a de paradoxal, vous devenez, par réflexe d'autodéfense, l'observateur assidu de ses habitudes, le météorologue de ses humeurs. Je fis le tour des défauts les plus évidents de mon père et compris très jeune qu'il relevait en même temps de l'opéra bouffe et de l'instrument contendant."
"Je tournai la tête et vis Luke rire d'une remarque faite par Savannah, et je sentis le frôlement des longs cheveux de ma soeur contre ma joue, leur doux parfum, et je fus empli d'un amour parfait, ineffable pour mon frère et ma soeur, un amour d'une telle rigueur et d'une telle densité que j'en percevais la saveur sur ma langue, que j'en sentais la glorieuse chaleur me brûler au profond de la poitrine."
"Ensemble, au cours de ce long été, nous répétâmes, tendrement enlacés, le plus doux chapitre de l'histoire du monde. Doucement, nous arrachâmes un à un les secrets et les mystères timidement retenus par nos corps. Nous faisions l'amour comme nous aurions composé un long poème, écrit avec des flammes."
"Ah ! La beauté de Colleton dans son dernier printemps, offrant ses azalées comme une fillette lance le riz sur une noce désespérée ! Avec une générosité suffocante, Colleton mûrissait dans un écrin de jardins fleuris et la ville enfouissait sa souffrance sous un voile de suaves fragrances. Les hérons bleus se dressaient dans l'herbe des marécages, lestes dans leur immobilité éthérée. Une famille de loutres s'égaillait parmi les moutons d'écume, dans l'épave près du pont, et tous les arbres morts, le long du fleuve, grouillaient de timides colonies d'aigrettes. Les orfraies montaient des truites encore frémissantes aux oisillons qui les attendaient dans leurs nids en forme de chapeau, perchés sur les poteaux des téléphones. Dans les bras de mer, dansaient les marsouins. Et les crevettes se dirigaient vers les estuaires, pour la saison du frai."

Ma note

 

dimanche 12 mai 2013

Inde et vous

Le restaurant Inde et Vous est situé dans le centre-ville de Nantes, à deux pas de l'Erdre, du marché de Talensac et du quartier Decré. Comme son nom l'indique, ce restaurant est spécialisé dans la cuisine indienne.
 
 
Nous y étions déjà allés il y a un peu plus d'un an, et en avions gardé un bon souvenir. Lorsqu'il fait beau, on peut manger à l'extérieur et profiter de la terrasse ombragée mais il ne fait ni beau, ni vraiment chaud en ce début de mois de mai, alors tant pis, ce sera pour une prochaine fois...
 
Sans être petite, la salle du restaurant est malgré tout un peu exigüe, et les tables sont un peu proches les unes des autres. La décoration intérieure est simple et discrète.
 
 
Le serveur nous apporte la carte. La présentation de cette dernière n'est pas très soignée. Ce n'est pas forcément très grave, mais un effort pourrait néanmoins être réalisé de ce côté. En plus du choix à la carte, deux menus sont proposés : l'un à 16,90 € et l'autre à 19,90 €. Chacun d'entre eux comporte entrée, plat et dessert.
 
On commence par un apéritif. Eric prend un kir à la mûre, je choisis quant à moi le cockail Inde et Vous (vodka rouge, coulis de pêche, jus de mangue, citron et limonade) que je trouve tout à fait à mon goût. Laureen prend un jus d'ananas et Morgane un Bollywood, cocktail sans alcool préparé avec du jus d'orange, du jus de pêche, du sirop spicy et de la canelle. Morgane n'apprécie pas plus que ça son Bollywood qu'elle juge est un peu trop relevé et c'est son père qui doit le finir... !
 
Avec l'apéritif, nous avons droit à des sortes de galettes très fines au cumin, que l'on peut déguster avec un assortiment de petites sauces. La sauce rouge orangé au premier plan est très épicée (elle arrache vraiment), la sauce verte est douce et la sauce brune est sucrée.
 
 
En entrée, on choisit de goûter à deux spécialités et de les partager. On prend donc une salade indienne aux gambas et deux assiettes de samoussas.
 
Je suis un peu surprise par la salade indienne aux gambas. Les gambas préalablement marinées sont frites et présentées sur un lit de salade. Franchement, ce n'est pas mauvais mais j'avoue que je suis quand même un peu déçue car je m'attendais à quelque chose de plus frais et de plus léger.
 
 
Les samoussas, sortes de petits chaussons farcis aux légumes, sont servis par deux avec une salade verte. Frais et croustillants, ils sont vraiment très bons.
 
 
C'est dommage d'aller au restaurant indien et de ne pas goûter au Naan. Chez Inde et Vous, il est proposé nature, à l'ail ou au fromage. On le choisit au fromage. Il arrive sur notre table tout doré et gonflé comme un petit ballon ;-) Et il est bien bon. 
 
 
Pour le plat de résistance, pas de partage ! Chacun choisit de goûter à la spécialité qui le tente le plus. Avec les filles, on choisit le poulet Tikka Massala et Eric se laisser tenter par le poulet Korma. Les plats sont servis dans des petites cocottes.
 
Le poulet Tikka Massala est une spécialité de la région du Rajasthan ou du Punjab, au nord de l'Inde. Grillé, il est nappé d'une sauce de tomates fraîches au beurre. Le plat est très légèrement épicé et délicatement parfumé. C'est un régal.
 
 
Le poulet Korma, quant à lui, est cuit dans une sauce à base de crème fraîche, qui est mélangée avec différentes épices. Très différent du poulet Tikka, il est également très bon.
 
 
 Cuit à la perfection, le riz au safran qui nous est servi en accompagnement est exquis.
 
 
Pour finir notre repas, nous choisissons là encore de goûter à deux desserts : le tiramisu à la mangue et le Gulab jamun.
 
Inspiré du célèbre dessert italien, le tiramisu à la mangue proposé par Inde et Vous est une génoise fondante recouverte d'une mousse à la mangue. C'est léger et original. Une bonne surprise.
 
 
Le Gulab jamun est quant à lui une vraie spécialité indienne. Ce sont en fait des boules de pâte préparées à base de fromage indien et de farine, et servies dans un sirop de sucre. Une boule de glace à la mangue est servie en accompagnement. Je n'avais encore jamais goûté à cet incontournable dessert indien, et je dois dire que j'ai un vrai coup de coeur. C'est absolument exquis !
 
 
Inde et Vous est une bonne adresse qui mérite franchement le détour. Un petit bémol malgré tout sur le service souriant mais un peu trop rapide à mon goût. Pour une soirée en famille ça va, les enfants, et même les ados n'aiment pas trop s'attarder à table, mais pour une soirée en amoureux, c'est pas génial.
 
Ma note

 
Inde et Vous
3 allée de l'Erdre
44000 Nantes
Tel. : 02 40 48 73 91
 

mercredi 1 mai 2013

Jane Eyre - Charlotte Brontë



L'histoire
À la mort prématurée de ses parents, Jane est recueillie par son oncle, Mr. Reed. Le jour de sa mort, Mr Reed fait promettre à son épouse d’élever Jane comme l'un de ses propres enfants. Mais Mrs Reed ne tient pas sa promesse et Jane est très malheureuse chez sa tante. Son cousin se montre méchant et violent tandis que ses cousines et sa tante lui font sentir sa différence sociale. Jane finit par se révolter et alors qu'elle n'a que dix ans, Mrs. Reed l’envoie dans un internat situé à Lowood.
A son arrivée à l'internat, Jane noue une relation très forte avec Helen Burns, l'une des pensionnaires. Mais cette dernière décède de la tuberculose quelques mois plus tard. Les conditions de vie sont en effet tout à fait déplorables à l'internat. Il faudra une épidémie de typhus pour qu'un changement s'opère dans cet internat qui devient alors un établissement de qualité. Jane y restera pendant huit ans : six ans en tant qu'élève et deux ans en tant institutrice. Après le départ de Miss Temple, la directrice du pensionnat, Jane décide de prendre sa vie en main et passe une annonce dans un journal pour trouver un poste de préceptrice. Elle est engagée au château de Thornfield, où elle est chargée de l'éducation de la petite Adèle.
Quelque temps après son arrivée, elle rencontre par hasard le maître du domaine. Très vite, elle s’éprend de cet homme un peu fantasque et énigmatique mais également tendre et sensible. Malgré leur différence à la fois sociale et d'âge, Jane accepte de l'épouser. Cependant, le jour de la cérémonie, alors qu'elle s’apprête à devenir son épouse, Jane découvre le terrible secret du maître des lieux. Totalement anéantie par cette révélation, Jane décide de s'enfuir.
Après plusieurs jours d’errance, elle est recueillie par la famille Rivers, à qui elle cache sa véritable identité. Elle reste plusieurs jours dans la maison familiale et se lie d'amitié avec Mary et Diana. Le fils aîné, St John, pasteur de son état, lui trouve un poste d'institutrice dans l’école du village voisin. St John, qui finit par découvrir le véritable nom de Jane, lui apprend que son oncle, qu'elle n'a pas connu, est mort en lui laissant un riche héritage. Elle découvre également à cette occasion que les Rivers sont ses cousins, ce qui la transporte de joie. Son cousin St John, qui veut devenir missionnaire lui demande alors de l'accompagner en Inde et de devenir sa femme, non pas parce qu'il est amoureux d'elle, mais parce qu'il la trouve courageuse et intelligente. St John exerce une forte influence sur elle, aussi Jane accepte-t-elle de l'accompagner mais elle se refuse néanmoins à devenir sa femme, n'éprouvant pour lui que des sentiments fraternels. C'est alors que se produit un phénomène étrange. Une nuit, Jane entend une mystérieuse voix, celle de celui dont elle est toujours éprise. À l’aube, sa décision est prise : elle doit retrouver Mr. Rochester. Mais lorsqu'elle arrive à Thornfield, une nouvelle surprise l'attend...

Mon avis
Quel plaisir de lire, et même de relire, ce grand classique de la littérature anglaise qu'est Jane Eyre. Le principal attrait de ce roman tient au personnage principal, dont la physionomie et les traits de caractère sont proches de ceux de l'auteur, ce qui le rend particulièrement attachant. D'apparence fragile, cette héroïne dépourvue de beauté, sans famille ni fortune, se révèle animée d'une étonnante force intérieure. On la pense timide et pourtant elle ne manque pas d'audace. On la croît soumise alors qu'elle est farouchement attachée à son indépendance. Les autres personnages ne sont pas moins attachants : passionnés, ambitieux et pour certains énigmatiques, ils occupent tous une place essentielle dans l'histoire.
Et si ce roman captive autant, c'est aussi et surtout grâce au talent d'écrivain de Charlotte Brontë. Dès les premières pages, le lecteur est sous le charme. Non seulement Charlotte Brontë sait éveiller notre curiosité mais elle réussit à nous tenir en haleine, ne dévoilant l'intrigue qu'à des moments soigneusement choisis. Bien sûr, ce roman n'est pas sans défauts, et l'on peut notamment lui reprocher certaines longueurs ainsi que de futiles appels au lecteur, mais rien de tout cela ne vient entraver le plaisir intense que nous procure sa lecture.
Jane Eyre est sans doute l'une des plus belles histoires d'amour et l'une des oeuvres les plus marquantes de la littérature du 19ème siècle.

Mes citations préférées
"Les enfants ressentent les choses, mais ne peuvent analyser leurs sensations ; si même l'analyse s'effectue partiellement dans leur esprit, ils ne savent pas comment exprimer en paroles le résultat de cette opération."
"C'est faiblesse et sottise de dire que l'on ne peut supporter ce que le destin nous impose."
"Ce n'est pas la violence qui triomphe le mieux de la haine, ni la vengeance qui guérit le plus efficacement les blessures."
"Le remords est le poison de la vie."
"Il est toujours bon d'avoir un verrou tiré entre soi et le malheur qui peut rôder alentour."
"L'attention ardente de l'auteur aiguise la langue du conteur."
"Les amis oublient toujours ceux que la fortune abandonne."
"Les pressentiments, les affinités, les signes, sont choses étranges qui, en se combinant, forment un mystère dont l'humanité n'a pas encore trouvé la clef."
"Il est heureux que le temps calme les désirs de vengeance, fasse taire les sursauts de colère et de haine."
"La sensibilité, sans la raison est vraiment un insipide breuvage, mais la raison que ne tempère la sensibilité est, pour l'homme, une bouchée trop coriace et amère à déglutir."
"Tous les hommes supérieurs, qu'ils soient sensibles ou non, qu'ils soient fanatiques, ambitieux ou despotes, pourvu seulement qu'ils soient sincères, ont leurs instants sublimes où ils subjuguent et règnent en maîtres."

Quelques extraits
"Je n'avais rien à répondre à ces paroles qui n'étaient pas nouvelles pour moi ; mes plus lointains souvenirs comportaient des allusions de ce genre. Ce reproche d'être à charge était devenu à mon oreille comme une vague complainte, très douloureuse et meurtrissante, mais seulement à demi intelligible."
"Les êtres humains ont besoin d'aimer quelque chose ; à défaut d'objets plus dignes de mon affection, je réussissais à trouver du plaisir en aimant, chérissant cette figurine modelée, flétrie, usée, pareille à un épouvantail en miniature."
"Pour la première fois, j'avais goûté à la vengeance ; c'était comme un vin aromatisé ; en l'avalant, il était chaud, sentait le terroir, mais laissait un arrière-goût métallique, corrosif, donnant la sensation d'un empoisonnement."
"Par-delà cette terre, par delà la race des hommes, il y a un monde invisible, un royaume des esprits ; ce monde nous entoure, car il est partout ; ces esprits veillent sur nous, car ils ont mission de nous protéger ; si nous mourions dans la douleur et la honte, en butte au mépris universel, accablés de haine, mais innocents, les anges, témoins de nos tortures,reconnaîtraient notre innocence."
"Les parterres brunâtres se recouvraient d'une verdure chaque jour plus vive, il semblait que l'Espoir les parcourait pendant la nuit, laissant chaque matin des traces plus brillantes de ses pas. Les fleurs commençaient à se montrer parmi les feuilles : des perce-neige, des crocus, des oreilles d'ours pourpres, et des pensées aux yeux d'or."
"C'est une sensation très étrange pour un être jeune et sans expérience que de se sentir tout à fait seul dans le monde, emporté par la dérive, tous liens rompus, incertain d'atteindre le port vers lequel il fait route, empêché par de nombreux obstacles de revenir vers ce qu'il a quitté."
"La lune montait au firmament avec majesté et, tout en s'éloignant de plus en plus des sommets des collines derrière lesquelles elle était apparue, semblait avoir pour point de mire le zénith, vers lequel elle s'élançait, sombre comme la nuit dans sa profondeur insondable et son éloignement infini ; les tremblantes étoiles suivaient la course de l'astre."
"De temps en temps, ce regard me fait penser à un celui d'un étrange oiseau derrière les barreaux serrés de sa cage ; si ce captif vivace, inquiet, résolu, était seulement libre, il prendrait son vol jusqu'aux nuages."
"Je le regardais et j'en éprouvais un plaisir aigu, rare, mais poignant -or pur avec une pointe d'acier mortelle-, plaisir comparable à celui que ressentirait un homme mourant de soif parvenu avec peine au bord d'une source qu'il sait empoisonnée et qui se penche cependant pour s'y abreuver de divines rasades."
"Mr Rochester avait parfois deviné mes pensées avec une pénétration que je n'arrivais pas à comprendre ; aussi, dans la circonstance présente, ne tint-il aucun compte de ma soudaine réponse et me sourit-il d'un certain sourire qui lui était particulier et qu'il n'avait qu'en de rares occasions. […] Ce sourire était le vrai soleil de la tendresse, et, en cet instant Mr Rochester m'inondait de ses rayons."
"Un admirable été resplendissait en Angleterre. Notre pays, avec sa ceinture de vagues, est rarement favorisé, même pendant un jour entier, d'un ciel aussi pur, d'un soleil aussi radieux que ceux dont nous jouissons depuis longtemps. On eût dit que des journées nous arrivaient d'Italie, comme une bande d'éblouissants oiseaux de passage, pour se poser et prendre un instant de repos sur les falaises d'Albion."

Ma note