mercredi 2 janvier 2013

Les chaussures italiennes - Henning Mankell


L'histoire
Fredrik Welin, sexagénaire, vit reclus depuis 12 ans sur une île isolée d'un archipel suédois avec pour seuls compagnons une chienne et une chatte vieillissantes et pour seules visites, celle du facteur, un dénommé Jansson. C'est parce qu'il a commis une terrible erreur alors qu'il exerçait en tant que chirurgien qu'il a décidé de fuir la compagnie des hommes. Cet isolement lui pèse malgré tout. Aussi, pour se prouver qu'il est toujours en vie, il s'immerge chaque jour dans l'eau gelée après avoir creusé un trou dans la glace. Puis, un beau jour, Harriet, la femme qu'il a aimée et abandonnée quarante ans plus tôt, fait brutalement irruption dans sa vie. Dès lors, Fredrik va devoir abandonner sa vie d'ermite et affronter son passé, son présent ainsi que son avenir.

Mon avis
Dans ce roman, qui comporte quatre parties appelées mouvements comme dans une symphonie, l'auteur aborde de nombreux thèmes plus ou moins graves tels que la maladie, le suicide, la solitude, l'amour ou encore la mort. Bien que l'écriture soit relativement agréable et fluide, ce livre ne m'a pas vraiment transporté. Je pense que cela tient essentiellement au fait que je n'ai ressenti aucune empathie que ce soit envers le protagoniste ou les personnages secondaires. L'auteur se livre malgré tout à quelques réflexions intéressantes sur la vie et la mort.

Mes citations préférées
"Il arrive un moment où on n'a plus la force de nier ce qui arrive. La mort, d'ailleurs, c'est la seule chose évidente qui existe, dans la vie. Même un fou le sent, quand c'est l'heure de partir."
"La vie est une branche fragile suspendue au-dessus d'un abîme."
"Les promesses trahies sont comme des ombres qui dansent autour de toi au crépuscule."
"Il est aussi facile de se perdre à l'intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes."
"La haine peut servir de moteur pendant un certain temps. Elle peut te donner une force un peu illusoire, mais elle reste toujours en premier lieu un parasite qui te dévore."
"La vérité est parfois très difficile à manier. Le mensonge est plus simple."

Quelques extraits
"Je descends dans mon trou noir pour sentir que je suis encore en vie. Après le bain, c'est comme si la solitude refluait un peu. Un jour, je mourrai peut-être sous le choc du froid."
"La situation était irréelle. Voilà qu'une porte s'était brusquement ouverte vers une vie que je croyais quasi finie ; la belle femme que j'avais autrefois aimée et trahie était réapparue."
"Ce lac, je l'avais promis à Harriet. Quand je reviendrais après mon année en Amérique, nous irions là-bas ensemble et nous nous baignerions la nuit dans ses eaux sombres. J'avais envisagé la chose comme une belle cérémonie. L'eau noire, le ciel clair de la nuit d'été, le cri du huard, ce lac dont on disait qu'il était sans fond. Nous nous baignerions et, après cela, rien ne pourrait plus nous séparer."
"J'ai vu ma vie. J'étais parvenu à ce point de l'existence. Il restait peut-être un ou deux carrefours en perspective, mais pas beaucoup plus. Et pas beaucoup de temps."
"C'est là, sur le ponton, que j'ai soudain compris qu'il me restait encore un voyage à accomplir. Pendant douze années, j'avais réussi à me persuader que ce n'était pas nécessaire. La rencontre avec Louise et notre longue conversation nocturne avaient tout changé. Je n'étais pas obligé de le faire, ce voyage. Je voulais le faire."
"En surgissant sur la glace avec son déambulateur, Harriet avait rompu le sortilège qui me tenait enfermé depuis si longtemps, de mon propre fait, comme dans une cage. J'avais découvert que ces douze année passées sur l'île étaient des années gâchées, ni plus ni moins : un liquide que j'aurais laissé s'écouler d'un récipient fêlé. Or il n'y avait pas de retour en arrière, on ne pouvait pas recommencer et faire les choses autrement."
"J'avais trahi parce que j'avais peur d'être trahi à mon tour. Cette peur du lien, cette peur de sentiments trop intenses pour pouvoir être contrôlés, m'avait toujours poussé à réagir d'une seule façon : l'esquive, la fuite. Pourquoi ? Je n'aurais pas su répondre à cette question. Mais je savais que je n'étais pas le seul. Je vivais dans un monde où beaucoup d'hommes passaient leur vie à avoir peur de la même façon que moi."

Ma note

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