mardi 25 décembre 2012

Une vie de racontars - Jorn Riel


Dans ce recueil autobiographique, Jorn Riel nous raconte les souvenirs qui ont le plus marqué sa vie sous forme de petites historiettes. Il s'agit d'un roman léger mais néanmoins profond, dont le ton se veut résolument humoristique. C'est avec beaucoup de plaisir que l'on voyage aux côtés de l'auteur qui nous conduit de la Fionie (son île natale) à Paris, en passant par la Nouvelle-Guinée et le Groenland. Le récit est en outre agrémenté de très chouettes illustrations réalisées par Hervé Tanquerelle.
Il faut savoir qu'avant d'être un écrivain, Jørn Riel a été un explorateur. Passionné par le Groenland où il a vécu pendant quinze ans, il a non seulement partagé le mode de vie de ses habitants mais aussi leur vision du monde. C'est pourquoi il a volontairement choisi de n'évoquer dans ce livre que les moments joyeux de son existence, souhaitant ainsi appliquer un précepte hérité des Inuits : « On n’évoque les expériences tristes ou désagréables que de mauvaise grâce, mais les moments joyeux de la vie se partagent sans retenue. »

Citations

"La curiosité et le désir sexuel passent souvent pour les choses exerçant le plus grand attrait sur nous autres, pauvres mortels. Dans quel ordre, cela reste discutable, mais de manière générale ils se suivent."
"L'amour, mon garçon, c'est douleur sur douleur avec un petit peu de joie pendant les pauses."

Extraits choisis

"Elle commença à me frotter énergiquement les cheveux. Je laissai faire, parce que j'étais dans un pays étranger et que je savais par mon père qu'il fallait laisser faire les autochtones comme ils voulaient, histoire de ne pas enfreindre l'un de leurs tabous"
"Yvette, dit-elle à plusieurs reprises en montrant du doigt l'un de ses seins. Je supposais qu'il s'agissait là d'un cours de langue et que le mot signifiait sein, d'autant qu'il ressemblait au mot danois yver, qui signifie mamelle. D'un doigt, je touchai le sein et répétai le mot. Puis ce furent deux doigts, puis trois, et enfin je montrai de toute ma main que j'avais compris."
"Voilà, t'as appris comment te comporter avec les chiens, et comment on capture des lièvres. Maintenant, je vais te montrer comment on dépèce sans abîmer la peau, parce que la fourrure du lièvre est parfaite pour faire des chaussettes. Et niveau apprentissage, je crois que ça ira pour aujourd'hui."
"Il avait un point de vue très naturel quant à l'aspect inéluctable de la mort. C'était, disait-il, comme lors d'un voyage, quand on rencontre un obstacle, une grande brèche ou une chaîne de glace. On continuait le voyage, surpassait l'obstacle et on allait plus loin. Le plus souvent, on ne se souvenait même pas qu'il y avait eu un obstacle."
"Les hurlements effrayants disparurent, remplacés par le bien-être, grand comme un espace à la fois familier et inconnu. Ma vie ne défila pas devant mes yeux, et je ne ressentais pas la moindre angoisse. J'eus un peu froid au début, mais ce fut de courte durée. Et bientôt, quand la chaleur commença à se répandre non seulement dans mon corps mais aussi tout au fond de mon âme, je n'eus plus aucune envie de me relever. C'était si incroyablement agréable de rester là et de mourir."
"L'avion s'éleva lentement au-dessus de l'inlandsis, là où j'avais passé la dernière année. Une année de solitude, d'angoisse et de privation, mais aussi de joie, de liberté et de sensations de bonheur qu'on ne pouvait décrire."
 
Ma note

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