Dans ce recueil autobiographique, Jorn Riel nous raconte les souvenirs qui ont le plus marqué sa vie sous forme de petites historiettes. Il s'agit d'un roman léger mais néanmoins profond, dont le ton se veut résolument humoristique. C'est avec beaucoup de plaisir que l'on voyage aux côtés de l'auteur qui nous conduit de la Fionie (son île natale) à Paris, en passant par la Nouvelle-Guinée et le Groenland. Le récit est en outre agrémenté de très chouettes illustrations réalisées par Hervé Tanquerelle.
Il
faut savoir qu'avant d'être un écrivain, Jørn Riel a été un
explorateur. Passionné par le Groenland où il a vécu pendant
quinze ans, il a non seulement partagé le mode de vie de ses
habitants mais aussi leur vision du monde. C'est pourquoi il a
volontairement choisi de n'évoquer dans ce livre que les moments
joyeux de son existence, souhaitant ainsi appliquer un précepte
hérité des Inuits : « On n’évoque les expériences
tristes ou désagréables que de mauvaise grâce, mais les moments
joyeux de la vie se partagent sans retenue. »
Citations
"La
curiosité et le désir sexuel passent souvent pour les choses
exerçant le plus grand attrait sur nous autres, pauvres mortels.
Dans quel ordre, cela reste discutable, mais de manière générale
ils se suivent."
"L'amour,
mon garçon, c'est douleur sur douleur avec un petit peu de joie
pendant les pauses."
Extraits choisis
"Elle
commença à me frotter énergiquement les cheveux. Je laissai faire,
parce que j'étais dans un pays étranger et que je savais par mon
père qu'il fallait laisser faire les autochtones comme ils
voulaient, histoire de ne pas enfreindre l'un de leurs tabous"
"Yvette,
dit-elle à plusieurs reprises en montrant du doigt l'un de ses
seins. Je supposais qu'il s'agissait là d'un cours de langue et que
le mot signifiait sein, d'autant qu'il ressemblait au mot danois
yver, qui signifie mamelle. D'un doigt, je touchai le sein et
répétai le mot. Puis ce furent deux doigts, puis trois, et enfin je
montrai de toute ma main que j'avais compris."
"Voilà,
t'as appris comment te comporter avec les chiens, et comment on
capture des lièvres. Maintenant, je vais te montrer comment on
dépèce sans abîmer la peau, parce que la fourrure du lièvre est
parfaite pour faire des chaussettes. Et niveau apprentissage, je
crois que ça ira pour aujourd'hui."
"Il
avait un point de vue très naturel quant à l'aspect inéluctable de
la mort. C'était, disait-il, comme lors d'un voyage, quand on
rencontre un obstacle, une grande brèche ou une chaîne de glace. On
continuait le voyage, surpassait l'obstacle et on allait plus loin.
Le plus souvent, on ne se souvenait même pas qu'il y avait eu un
obstacle."
"Les
hurlements effrayants disparurent, remplacés par le bien-être,
grand comme un espace à la fois familier et inconnu. Ma vie ne
défila pas devant mes yeux, et je ne ressentais pas la moindre
angoisse. J'eus un peu froid au début, mais ce fut de courte durée.
Et bientôt, quand la chaleur commença à se répandre non seulement
dans mon corps mais aussi tout au fond de mon âme, je n'eus plus
aucune envie de me relever. C'était si incroyablement agréable de
rester là et de mourir."
"L'avion
s'éleva lentement au-dessus de l'inlandsis, là où j'avais passé
la dernière année. Une année de solitude, d'angoisse et de
privation, mais aussi de joie, de liberté et de sensations de
bonheur qu'on ne pouvait décrire."
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